Chimères, paroles et récits

J'ai croisé ça aujourd'hui

"Je suis malheureuse !

Parce que je suis conne

Et que tout le monde est con

Parce que j'ai raté ma vie

J'ai raté mon évolution spirituelle

Je n'ai pas appartenu à un ordre initiatique

CONNE

Je suis passée à côté de l'amour,

l'amour

Quand il s'est présenté à moi

Avec sa Mercedes rose bonbon

Et sa poitrine nue et dorée

Je l'ai laissé sur le bord de la route

Et je suis montée dans une 2CV pourrie

Où y'avait un chien qui puait

CONNE

CONNE

Je n'ai pas respecté mon père et ma mère

Y'a pas d'secret,

y'a pas d 'mystère

J'ai négligé mes devoirs envers l'univers

Au niveau du concret

je suis archi tâche

Je ne sais même pas jouer

de la guitare électrique

CONNE

CONNE

Je ne sais même pas parler une langue étrangère

Je n'ai pas fait un travail sur mon corps

Et je suis incapable de passer l'aspirateur

Parce que je suis conne

Parce que je suis conne

CONNE

CONNE

CONNE..."

(Brigitte Fontaine)

Il arrive dans Noln, le front sale et les mains pleine de cendres. C'est la fin du jour, le soleil se couche lentement. Aujourd'hui, il a brûlé des corps. Encore et encore. Des hommes, des femmes, des enfants. Beaucoup d'enfants. Les affrontements au nord du pays sont horribles. Ils tuent énormément.

Il les a jeté un par un. Des morceaux de chair inertes dans un foyer géant de lignite. Depuis deux jours, l'odeur de la peau carbonisée envahit la ville. Mais Martial ne la sent même plus. Toute la journée les camions sont venus décharger les morts. Il ne comprend pas pourquoi on les amène ici. Aussi loin des zones de combats. Il s'en fout lui. Il est payé. Il faut bien manger. 

Sur les pavés ses pas sont lourds. Ses chaussures de sécurité pèsent des tonnes. Personne ne l'attend chez lui, il va devoir encore préparer seul son repas avant de dormir. 

Quelques rayons de soleil subsistent encore. Tout à coup il entend un cloche résonner. C'est l'heure de la prière au temple. Martial se retourne. De l'autre côté de la rue deux moines passent en courant. En retard sûrement.

J'ai caché mon coeur au fond du placard.

Chez moi là-bas à Vitry. J'y ai mis tout un tas d'amours déchus et d'espérances brisées.

Je suis parti avec du vide à la place du coeur et des larmes sèches dans les chaussettes. C'est dans ces moments là qu'on oublie son corps, que l'on se sent voler. Sans attaches, sans complexes.

Parfois j'y retourne et je jette un oeil au fond de ce placard. Je sens les anciennes odeurs, les peaux encore un peu tiède. 

Mais au fond de ce meuble, je relis aussi tout ce que j'ai pu écrire. Et je ne trouve rien.

Autant chercher l'amour dans un paquet de céréales.

Tu es sortie de nulle part. Directement, tu t'es dirigé vers moi.

Je t'ai regardé. J'ai attendu. Je n'avais pas le sentiment que tu t'intéressais à moi. Je n'ai pas réussi à te serrer dans mes bras.

Il avait fait beau durant 6 jours d'affilés. Je ne savais déjà plus à quoi ressemblait un jean ou un pull. Ce soir là, il a recommencé à pleuvoir. Un frisson dans mon dos. Tout doucement d'abord. Puis de plus en plus fort. Mon corps endormi, ramolli par ces jours d'inactivité s'était durci.

Tu as attendu, le regard planté dans ma rétine, pendant un instant. Et tu es parti. 

J'ai serré les dents. J'ai mordu ma lèvre. Et j'ai jeté un coup d'oeil sur mon portable. 23h45.

Comment raconter quelque chose que l'on a pas vécu ?

Comment inventer une histoire de toute pièce ?

C'est tellement plus simple de laisser partir les doigts sur le clavier pour raconter sa vie. Pour raconter ses souffrances.

Je pourrais me laisser aller à faire ça, mais je n'aime pas ça. Je n'aime pas les écrivains qui n'inventent pas. Je suis frustré. Je ne sais pas me lâcher. J'ai peur des stéréotypes. De tomber dans quelque chose d'attendu. J'ai de la chance, je peux perdre mon temps mais je ne le perd pas de façon constructive.

Pourtant Adeline me l'a dit. Nous ne sommes pas obligé d'être productif. Mais moi j'ai envie de l'être.

J'ai envie de savoir créer.

Est ce que l'on sait créer ?

(Demain je relirais ces notes et je me dirais mais quels con, quels con ! Qu'est ce que tu racontes dans ce texte bourré de fautes)

hier je lisais Cioran et je l'ai perdu, dommage. J'aurais bien voulu continuer à